Eric Scherer est aujourd’hui Directeur de l’Innovation et de la Prospective à France Télévisions, et parrain du OuestMédiaLab, après avoir été Directeur de la Stratégie de l’AFP. Il nous a fait le plaisir de venir au Web2day pour nous parler de l’Intelligence Artificielle et de la relation qu’elle entretient avec les médias. Panorama de l’Intelligence Artificielle dans les médias.
Avant toute chose, il est important de savoir de quoi on parle.
Mais alors c’est quoi l’Intelligence Artificielle, ou IA ?
L’Intelligence Artificielle (IA) est la science dont le but est de faire faire par une machine des tâches que l’homme accomplit en utilisant son intelligence.
L’IA : un Sujet nouveau ?
Et bien non, pas du tout, cette notion voit le jour dans les années 1950 grâce au mathématicien Alan Turing.
Dans son livre Computing Machinery and Intelligence, ce dernier soulève la question d’apporter aux machines une forme d’intelligence. Il décrit alors un test aujourd’hui connu sous le nom de « Test de Turing » dans lequel un sujet interagit à l’aveugle avec un autre humain, puis avec une machine programmée pour formuler des réponses sensées. Si le sujet n’est pas capable de faire la différence, alors la machine a réussi le test et, selon l’auteur, peut véritablement être considérée comme « intelligente ».
Éric Scherer commence cette conférence en nous précisant que nous sommes au tout début de l’aventure :
Aujourd’hui les médias proposent :
- Du contenu de haute qualité (on oublie les Anges de la Télé-réalité hein 😉 )
- Sur tous types de contenant (TV, mobile, tablette…)
- Dans n’importe quel contexte
- En prenant en compte les attentes du consommateur
Et c’est là que l’IA a sa carte à jouer. En effet, le consommateur ne cherche plus un contenu : il est à la recherche d’une EXPERIENCE !
« On est passé d’un média de masse à un média de personnalisation. L’IA va permettre d’être sur la personnalisation de masse. »
Choix des contenus diffusés sur un contenant adapté dans un contexte spécifique et en fonction des attentes du consommateur :
Comment tendre vers l’ultra personnalisation des contenus dans les médias ?
Réponse n°1 : Exploiter sa data, ses données
- Mieux connaître ses consommateurs pour mieux s’adresser à eux
- Produire des contenus plus SMART & SUR MESURE
Où est-ce que l’IA est utilisée dans les médias ?
- Dans la veille : pour la curation de contenu sur Internet et sur les réseaux sociaux
- Pour réaliser des cartographies de l’opinion
- Pour le traitement des données et la vérification de contenu : l’IA aide les journalistes dans certaines enquêtes en utilisant des algorithmes de machine learning. Ces algorithmes vont guider les rédactions à tracker « la fausse information : les fake news »
- Pour la prédiction : les outils d’aide à la création de projets. Quel contenu est pertinent ? Quels sujets vont séduire le consommateur ?
« Netflix utilise l’A/B TESTING pour modifier certains contenus / certaines œuvres. »
Éric Scherer nous précise qu’il n’est pas question de remplacer le créateur mais que ces outils aident à trouver des réponses, à produire du contenu de qualité en fonction des cibles et des audiences.
- Conception automatique de contenu : les robots journalistes écrivent déjà du contenu, des dépêches.
Cela existe déjà et ça monte en puissance !
« L’IA va permettre aux journalistes de gagner du temps, de libérer du temps. Elle va faire le sale boulot et le boulot rébarbatif. »
« L’IA va libérer des ressources pour les rédactions pour créer du contenu à valeur ajoutée. »
Et sur quoi travaille-t-on en ce moment ? Quelles innovations ?
La personnalisation :
C’est le travail le plus important de l’Intelligence artificielle dans les médias : proposer du contenu sur mesure selon le profil, le parcours d’utilisation et le contexte de consommation de l’utilisateur. Pour les médias, l’équilibre est difficile à trouver. Il faut garder sa ligne éditoriale, sa programmation, « l’expertise métier » … Mais ce n’est plus suffisant car il faut aussi prendre en considération les recommandations sociales et les recommandations des algorithmes. C’est sur ce trépied que les médias travaillent aujourd’hui.
Travailler l’émotion :
Utiliser l’IA pour prendre en considération les réactions du public.
Mais quelles sont les limites de l’IA pour les médias ?
LA MANIPULATION DE L’IMAGE !
Éric Scherer nous reprend le célèbre exemple de la vidéo virale d’Obama parlant à son insu, dans laquelle on lui fait dire des choses qu’il n’a pas dites grâce aux technologies de DeepFake.
« La technologie sert le bien mais aussi le mal. Il va falloir travailler avec les machines, travailler sur une coexistence avec ces dernières : il est essentiel de garder beaucoup d’humain dans les réflexions, et je pense qu’il faut même en remettre. »
Conclusion : quels que soient les domaines dans lesquels elles se développent, les technologies intégrant de l’Intelligence Artificielle progressent et tendent à apporter une réelle plus-value pour les entités qui en font usage. Mais il faut prendre garde à ne pas omettre d’intégrer l’importance de l’homme dans les réflexions et dans les évolutions de ces technologies.
Si l’Intelligence Artificielle vous intéresse, consultez notre article sur l’IA et les communicants. 😉