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Le marché interdit Carrefour : l’acte militant qui fait le buzz !

Le marché interdit Carrefour : l’acte militant qui fait le buzz !

Il y a quelques mois déjà, Carrefour remportait un grand succès avec son initiative de lait “créé” par les consommateurs, sous la marque participative “c’est qui le patron ?”. Aujourd’hui, le géant de la grande distribution – accompagné par l’agence Marcel – reprend les mêmes ingrédients pour lancer son nouveau concept : le marché interdit Carrefour. Une nouvelle offre couplée à une pétition pour dénoncer une loi qui interdit la commercialisation de certaines semences, bref : un engagement public pour promouvoir la biodiversité… et au passage, renforcer un peu plus son image de marque. Simple coup de pub ou concept gagnant-gagnant ?

 

Marché interdit ? Par qui, par quoi ?

Certains d’entre vous ne le savent peut-être pas, mais il existe un catalogue officiel des semences autorisées, géré par le GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences et plants). Ce qui implique  que d’autres ne le sont pas. D’après les chiffres publiés par Carrefour,  96,4 % des semences de fruits et légumes de variétés paysannes sont aujourd’hui interdites à la vente par la législation (décret n° 81-605 du 18 mai 1981 pour les curieux). Pour être tout à fait exacte, ce n’est pas la vente de ces dits fruits et légumes qui est interdite, mais la commercialisation de leurs graines, ce qui restreint les producteurs à ne faire que de la vente directe.

Mais pourquoi priver les consommateurs de cette biodiversité ? Le GNIS met en avant l’argument de la sécurité et de la qualité des produits : les semences sélectionnées dans le catalogue officiel résistent mieux aux maladies et aux parasites, permettant ainsi de réduire l’usage de produits phytosanitaires. Avantages en terme de goût également, avec des qualités gustatives choisies, travaillées (melons juteux et sucrés, haricots sans fils ni parchemins, endives moins amères, carottes au cœur bien tendre…), une plus grande tolérance aux stress climatiques (chaleur, froid, sécheresse) et une plus grande diversité de tailles, de formes et de couleurs” – Bref, des produits bien vendables ! Cela nous renvoie directement à la campagne d’Intermarché qui, dès 2014, faisait l’apologie des fruits et légumes moches !

fruits-legumes-moches-intermarche

Autre limite : inscrire une semence dans ce catalogue coûte très cher, le rendant inaccessible aux petits producteurs.

C’est cette restriction abusive que Carrefour entend dénoncer avec son marché interdit, en proposant à ses clients des légumes issus de semences paysannes moins stables, moins homogènes mais surtout, non référencées !

10 légumes annoncés et un objectif : faire changer la loi !

Carrefour s’est entouré de deux groupements de producteurs bretons, Bio Breizh et Kaol Kozh, pour sélectionner et cultiver les légumes de son marché interdit. 10 légumes sont au menu de la première sélection : l’artichaut Camus du Léon, le potimarron Angélique, la courge butternut Kouign Amann, l’artichaut Glas-Ruz, l’oignon rosé d’Armorique, la rhubarbe acidulée de Bretagne, le haricot coco du Trégor et l’échalote demi-longue de Cleder.

Mais au-delà de ces quelques références qui viendront apporter un peu de nouveauté en rayon, l’enjeu est ailleurs : à travers cette initiative, l’enseigne souhaite faire changer la loi et militer pour plus de biodiversité en magasin . Symbole de cet engagement militant, une pétition a été mise en ligne sur le site change.org et déjà largement relayée.

marche interdit carrefour liste legumes

Effet d’annonce ou engagement sur la durée ?

Depuis de nombreuses années, l’enseigne se bat pour faire évoluer les standards alimentaires, en devenant par exemple en 1992 le premier distributeur français à développer son offre bio. En 1999 elle a supprimé les OGM de tous les produits de sa marque, avant la réglementation sur les étiquetage en 2003. Dans le même ordre d’idées, Carrefour a lancé en 2013 la première filière française de poulets sans traitement antibiotique. Alors oui, c’est dans l’ère du temps, “réclamé” par les consommateurs, presque devenu obligatoire… mais force est de constater que Carrefour a su en faire un de ses atouts, et un pilier de son image de marque.

Concernant la biodiversité des fruits et légumes, Carrefour :
 a pour ambition de construire une filière pérenne de variété paysanne
– s’est engagé contractuellement sur 5 ans avec les producteurs, avec un accord de prix et de volumes
– envisage une Fondation dédiée pour accompagner les producteur da la mise en place d’une Maison des Granes des Paysans dans le cadre d’un mécénat du Fonds Biodivertisté, avec 1 million d’euros
– oeuvrera pour l’information auprès du grand public public et des producteurs.

Affaire à suivre donc, mais une chose est sûr : l’enseigne a – par sa notoriété et sa position dominante dans notre mondre agro-alimentaire – le pouvoir de faire évoluer les choses. Reste à savoir si les consommateurs suivront et se retrouveront dans ce combat… et si Carrefour ira jusqu’au bout de ses engagements pour la cause, au-delà de son propre intérêt.

Et la campagne du marché interdit Carrefour, on en pense quoi ?

marche interdit carrefour campagne complete

“Fond noir, portraits et produits photographiés façon clair-obscure suggérant le côté “sous le manteau”, jeux de typo et messages militants… le message est fort et l’univers graphique renvoie parfaitement au marché interdit – c’est réussi et ça donne envie d’adhérer à la cause !”

Aurélien, directeur de création chez axellescom.

 

 

 

 

 

 

 

 

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